FOU. On a beau cherché, difficile de trouver un autre adjectif pour décrire Samuel Maruta et Vincent Mourou, les deux faiseurs de chocolat comme ils aiment à se définir. L’histoire ferait pâlir d’envie les scénaristes du haut de la colline du 7eme art mais c’est du côté du Vietnam, avec scooter et sac à dos que ces quelques lignes nous emmènent.

La légende raconte que ces deux énergumènes se sont rencontrés lors d’un weekend survie dans la jungle. Dès le départ, les choses présageaient un avenir…unique. Puis à force de rencontres plus ou moins fortuites dans les rues de Saigon, ces deux âmes en recherche de projet – après une situation d’expat’ pour l’un et une overdose de travail pour l’autre – décident de partir à l’aventure du…chocolat.
La filière du café était déjà très – trop – exploitée et étant tous les deux grands fans de chocolat, on s’est dit : pourquoi pas ? Certes, les quelques bières partagées ce jour là ont aidé à la décision mais c’est également ce rapport des Vietnamiens avec le monde de la nature et de la terre qui nous a orienté dans cette direction. Samuel Marou
Quelques semaines plus tard, Samuel rejoint une entreprise spécialisée dans le cacao mais alors que le mot ‘désorganisation’ semblait régner en maître dans la gestion de la dîte-société, il reprend ses affaires et emmène son acolyte Vincent pour une virée en scooter à Baria. C’est ce 1er février 2011 que la vie de ces deux passionnés prend alors enfin son sens.

Leur rencontre avec Monsieur Duc, le propriétaire de la plantation, va marquer le début de leur aventure de chocolatier du nouveau monde. Ils lui achètent alors deux kilos de fèves … sans avoir aucune idée ni technique pour les travailler.
A coup de vidéo Youtube, de four à gaz et de blender jusqu’à ce qu’il rende l’âme, ils finissent par obtenir une pâte – grumeleuse certes – mais aux arômes exceptionnels. Le chocolat Marou était né… ou presque !
Poussés par l’enthousiasme et l’excitation, les deux scientifiques fous finissent par trouver un véritable grinder via de nombreux intermédiaires et se lancent dans la production d’un kilo de chocolat à l’aide d’une petite conche.
Le tempérage est hésitant, dû à un environnement tropical, ce qui rend les choses disons… compliquées ! La décision est prise : une tempéreuse automatique fera désormais faire partie des meubles.

Esprit de challenge oblige, nos deux chocolatiers en fèves…euh, en herbe,…se rendent en mai 2011 à un salon dédié à la dite-thématique pour aller se frotter au monde des chocolatiers.
Une rencontre avec Willie Harcourt-Cooze leur apprend alors que l’utilisation d’un sucre de canne raffiné apporterait un véritable plus. Fort de ses encouragements, les compères décident d’aller lever des fonds auprès d’amis et donner un nouvel élan à cette aventure.
Fini la cuisine, direction un atelier de 300m² où sont installés les quelques outils nécessaires à la transformation des fêves en provenance des plantations de Tien Giang, Ben Tre, Baria et Dông Nai.
Les uns après les autres, les hôtels de luxe tombent amoureux de ces tablettes pleines de puissance et d’arôme rarement rencontrés chez les chocolatiers européens.

Alors on pourrait croire que le prélude d’une belle histoire s’arrête là…mais non ! Même du côté du packaging, l’anecdote vaut le détour. Le brief était simple : “An award-winning packaging” sinon rien.
Lignes obliques, motifs mélant modernité et touche vietnamienne, impression feuille par feuille, l’équipe de choc travaille avec une agence créative qui plonge corps et crayons dans les idées les plus folles.
Même le magazine Wall Paper succombe à ce magnifique design et souhaite le faire découvrir à ses clients lors d’une exposition à Milan. Alors, au lieu de faire parvenir une de leurs tablettes existantes, les fous furieux se lance un nouveau défi : une édition limitée à la fois en terme de design mais également d’ârôme.
Le résultat : un packaging tout en relief, sur lequel est inscrit Wall Paper. A l’intérieur, une bombe chocolatée à 80% de cacao qui oscille entre pain d’épice, miel, cannelle. Effet addictif immédiat et garanti !

Aujourd’hui, la petite entreprise qui ne connait pas la crise produit 8 tablettes par semaine, avec un objectif de 3000 d’ici la fin de l’année pour être à l’équilibre.
Si les ventes sont principalement réalisées auprès d’entreprises et du monde de l’hotellerie locale, on attend avec impatience qu’une marque de la distribution haut de gamme donne aux chocolats Marou toute la visibilité qu’il mérite.
Comment vous définiriez-vous ?
Les Indiana Jones du chocolat, les aventuriers du cacaotier perdu
Comment définiriez-vous votre relation avec le chocolat ?
Décomplexée ! Dès le départ, nous avons appréhender ce monde comme une véritable découverte enrichissante, via des expérimentations dans la cuisine et sur Youtube.
Un jour sans chocolat, c’est quoi ?
Une journée de récupération ! Après cette journée, on trouve encore plus de plaisir à en remanger.
Le moment parfait pour déguster un morceau de chocolat ?
En fin d’après midi avec un verre de vin, comme le cérémonial de l’apéro.
Votre moment le plus intime avec un carré de chocolat ?
Quand on réalise un nouveau batch de chocolat et que l’on décide qu’il est digne d’être mis en tablette. Nous misons tellement mise sur la qualité que nous ne pouvons pas nous permettre de se rater. Chaque sac de cacao recelle un goût diffèrent et ce moment de suspense juste avant la dégustation est presque jouissif !
Le dernier carré de chocolat, il sera où ?
Il se mange mais ne se rend pas.
Votre conseil pour les accros du chocolat ?
De la modération… pas plus d’un kilo par jour.
Marou Chocolat
www.marouchocolate.com
@SamuelMaruta
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